samedi 23 juin 2007

Pages de Tunis 220607




Je crois en la Parole.

Si je devais un jour m’agenouiller devant un dieu quelconque, ce ne sera que devant sa toute impuissance, la blanche. A attiser le feu. A surprendre le nuage, et lui servir à boire. Au sang irrégulier, son inconscience viscérale. Elle ne nourrit pas son homme, la désaxée, ni n’enlève la fièvre dans sa tête. Elle est insensée, quoi qu’il en soit, toujours lointaine, mais en même temps, à la mémoire massive, presque concrète, de la pierre dans le ruisseau.

Je crois en sa tragédie. Essentielle. Perpétuelle. Organique.

Autre. La laisser traverser. Sourdre de soi. Ne pas la retenir. Recueillir la trace multiple. En faire un feu. Invoquant son retour. Peut-être alors l’éclat de l’étoile, perdu. Sera Poésie. Ou bien, tout autre théorème de l’utopie.

Elle avait confié au creux de ma main, un secret d’elle. Mais je l’ai ouverte, le laissant, couler. Car quand je l’ai enfin regardé, quand j’ai prit conscience d’elle, j’ai su, j’ai su que l’ombre sera la souffrance. J’ai su que demain, n’aura pas d’oiseau dans la bouche. Alors j’ai laisser couler le secret d’elle, pour faire couler son visage. Sans voix.

Et quand l’heure de s’en aller arrivera, je n’emmènerai avec moi que quelques paroles que j’aurai peut-être su garder. Que j’aurai, je l’espère, acclimater aux paumes de mes mains. Que j’aurai couvert de mon ombre, les vieilles, les ancestrales, après-midi de sirocco.

Les paroles, elles m’appelleront d’un prénom que je ne connaîtrai pas, qui est le mien. Elles m’accompagneront, les blanches, joyeuses, sautillant de l’un de mes deux yeux à l’autre, dans la nuit du corps, d’où ne revient, qu’elles-mêmes ne savent pas encore nommer.


Un vendredi à dix sept heures trente minutes


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