jeudi 5 juillet 2007

Eugénio de Andrade




Soleil mouillé du petit matin sur le poème de Eugénio de Andrade, désormais je tutoie tout le Portugal, jusqu'au champ d'Atalaia.

D'avec les mains, poème qui sort par la bouche, parole à l'ombre de la bouche pourtant, poème qui évacue la lumière pour la rendre aux eaux.

Jusqu'à la fin, jusqu'à être danse, parole de l'air, matière solide pour habiter le sol, parole du ruisseau au milieu du fleuve, parole sur le fil.

Le soleil encore, il réchauffe les approximations de la langue, de la langue qui entrave la bouche par où cherche à passer le poème.

Puis il y a aussi le corps, tout le corps, il vieillit dans la main encore jeune du poète.

Les mains, les mains, les mains, à chaque page, qui retourne la page, c'est qu'elles ont construit la demeure où loge le silence, la maison de la pierre fendue, la maison dans le noeud de l'arbre.

Il faut croître, et s'effiler, pour empoigner.

Terre dans la terre, puits dans le puits, tout le Portugal, de son coeur alentejano jusqu'aux rives du Douro, tout le Portugal est dans le poème de Eugénio de Andrade ; c'est le matin, le soleil réchauffe le livre pour l'aveugler et le rendre à l'air, le poème est au ras du sol.

Pierre Hunout, Lisbonne, le 5 juillet 2007, impressions autour du poème de Eugénio de Andrade.



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